L’instrumentalisation de la mémoire dans le cadre des processus institutionnels, se révèle pour les Etats comme une stratégie d’affirmation symbolique de leur identité, de leurs aspirations politiques, sociales et culturelles. Hier, les grandes villes, Paris avec sa Tour Eiffel, New-York par sa statue de La Liberté et Londres avec sa Tour, ont emboité le pas. Aujourd’hui, l’Afrique se réveille avec le Monument de la Renaissance à Dakar au Sénégal. Yaoundé vient de prendre une longueur d’avance, après avoir longtemps hésité .Le Super Maire, par la construction des monuments, relance le débat sur la capacité des pouvoirs publics africains, à prendre à bras le corps le destin de leurs villes, en leur dotant des cadres mémoriels relevant des réalités propres à leur histoire. Les enjeux d’une maitrise de sa mémoire historique, est d’autant plus un impératif, que les flux culturels aboutissent au moment de leur confrontation, à un dynamitage des cultures moins ou peu valorisées. La mémoire africaine et celle du Cameroun en particulier, fait l’objet d’une structure monumentale fruste. Les quelques monuments qui existent, vivent une coexistence presque malaisée du fait du peu de place accordée, Aux cotés d’autres monuments dont la représentation relève d’autres aires culturelles. Ces monuments marquent une période de l’histoire et notamment celle de la collaboration entre le peuple camerounais avec d’autres peuples. Dans les villes comme Yaoundé et Douala, on peut observer quelques monuments dont la portée pose de sérieux problèmes de compréhension pour une certaine opinion. Sans s’attarder outre mesure sur l’importance du monument patriote, celui-ci fait l’objet d’une querelle gouvernementale et d’une vive controverse dans l’opinion publique. Le problème étant, le choix du site qui abrite le monument. Cette querelle n’a pas lieu d’être. Quand on observe l’esprit des lois qui encadrent la politique de décentralisation au Cameroun. Un constat frappant se dégage sur la primauté de l’Etat, justifiée par trois principaux leviers : l’ordre public, l’unité nationale, et la défense nationale. Si la défense nationale apparait ici comme une variable, l’ordre public et l’unité nationale, sont une constante. La conséquence
Les communes et régions exercent leurs activités dans le respect de l’unité nationale, de l’intégrité du territoire et de la primauté de l’Etat |
est que, l’ensemble des compétences des collectivités territoriales, sont le gage général de ces deux structures dont l’une est historique et l’autre juridique. Dans ces conditions, l’article 2(1) du code général des collectivités territoriales dispose que : « les collectivités territoriales de la république sont les régions et les communes. Elles exercent leurs activités dans le respect de l’unité nationale, de l’intégrité du
territoire et de la primauté de l’Etat (…) ». Au sujet de la controverse dans l’opinion publique, si l’Etat insiste à travers le Ministère de l’Habitat et le Développement Urbain à réaliser sur le même site son projet d’échangeur pour juguler le problème de bouchon, que connait le rond-point Hilton, le monument patriote n’a pas de longs jours. Sauf à faire coexister sur la même place, les deux infrastructures.
Tobie Atangana