De la boue des marchés de Mfoundi, de Mokolo, de Nkololou au soleil accablant des avenues Kennedy et Akwa palace où ils harcèlent les passants et leur offrant des petits services, les camerounais vaquent à leurs occupations insouciants des décisions prises par le gouvernement au sujet de leur avenir. La semaine qui a précédé celle consacrée au paiement des salaires du mois de juin 2024, a laissé passer comme une lettre à la poste, le projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier le renouvellement des accords de partenariat économique entre le Cameroun et l’Union Européenne signés en 2007 et ratifiés en 2014 par le Cameroun contre l’avis de ses pairs de la sous-région d’Afrique Centrale et ceux en dehors des Caraïbes et du Pacifique composant l’Union Africaine. Ce qui aurait pu être une occasion de forte indignation dans l’opinion publique, n’a suscité aucun commentaire. Les camerounais s’activent aux calculs devant leur permettre de joindre les deux bouts. L’opinion savante et la classe politique au pouvoir n’avaient pas accordé leurs violons au sujet de l’opportunité et de la pertinence desdits accords pour le Cameroun. Contrairement au gouvernement qui y voyait une occasion d’ouverture de son économie à un vaste marché, la Fondation politique allemande Friedrich Ebert Tiftung avait émis des réserves dans un rapport sur le caractère porteur de ces accords pour l’économie camerounaise au regard notamment de son poids face au mastodonte européen et sa faible structuration. La mise en œuvre de ces rapports allait provoquer des déficits sans précédents sur les recettes douanières doublés des incidences graves sur la production locale d’ores déjà en proie à des dysfonctionnements multiples. En effet, dès la première étape dans l’application de ces accords, le Cameroun allait enregistrer un manque à gagner de plus de 800 milliards des francs en terme de recettes douanières avec à la clé une érosion de l’économie nationale, due au dumping des produits européens sur les produits locaux. Face à ces prévisions dont la réalisation se fait déjà ressentir, les autorités camerounaises auraient dû faire un bilan d’une décennie de mise en œuvre des accords de partenariat économique avec l’Union Européenne, pour justifier l’engagement du Cameroun dix ans plutôt et contre vents et marées, dans un partenariat commercial avec l’ensemble de l’Europe. Sans être spécialiste des statistiques liées à l’application desdits accords durant la période 2014-2024, quelques indicateurs donnent matière à réflexion : le désengagement progressif de l’Etat du Cameroun en matière de subvention des produits pétroliers, l’évolution de la matière imposable aux citoyens et surtout, le statu quo ante observé sur les conditions de vie des populations camerounaises dont plus de la moitié, vit avec moins d’un dollar par jour. Ce constat effrayant, montre à maints égards que, les accords de partenariat économique entre le Cameroun et l’Union Européenne, n’ont pas encore atteint les objectifs ayant abouti à leur ratification en tout cas, dans le temps escompté par les masses populaires. Toutefois, les cinq dernières années ayant précédé la fin de la première étape de la mise en œuvre des accords de partenariat économique entre le Cameroun et l’Union Européenne, font observer une augmentation des prix du cacao et du café en faveur des producteurs camerounais. S’il faut mettre, le manque à gagner observé dans l’économie camerounaise à la période 2014-2024 au passif des accords de partenariat économique, logiquement, la santé quoique fébrile retrouvée dans le secteur du cacao-café, est à mettre à l’actif desdits accords. Les ratios en terme de gain, restent faibles. Les pouvoirs publics camerounais, devraient s’engager dans des réformes structurelles, à l’effet de capaciter l’économie camerounaise des instruments, lui permettant de tirer le plus grand profit des accords de partenariat avec l’Union Européenne.
Tobie Atangana.