Le père de la nation désigne une personnalité ayant joué un rôle primordial dans la fondation de son pays ou dans la mise en place du régime politique de son pays. C’est à ce titre que Georges Washington est reconnu comme l’un des pères de la nation pour son influence dans la déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique. Dans le même sens, sont désignés père de la nation sur l’espace africain, des personnalités politiques qui ont oeuvré pour l’indépendance de leur pays. On peut citer à cet effet, kwame Nkrumah au Ghana, Sékou Touré en Guinée, Patrice Lumumba au Congo. Dans le cas particulier du Cameroun, deux réalités sont en opposition : la réalité politique et la réalité historique. La réalité politique reconnait comme père de la nation camerounaise, deux figures marquantes. Il s’agit du Président Ahmadou Ahidjo et le Président Paul Biya. La réalité historique elle reconnait sans forte adresse, Ruben Um Nyobe comme père de l’indépendance qui selon toute vraisemblance, est aussi le père de la nation à l’image de ceux qui comme Nkrumah ont lutté pour l’indépendance de leur pays. Cette réalité particulière du Cameroun, ouvre la voie à une observation des caractéristiques plus ou moins complexes, de la notion de père de la nation. Quelques expériences aidant, rendent compte du constat qu’il existe des possibilités de contestation à une personnalité, l’attribut de père de la nation. Eamon De Valera considéré comme le père de la nation libre d’Irlande, a vu son titre contesté dans les années 1980 en faveur de Michael Collins. A contrario, Mahamat Gandhi en Inde et Sun Yat Sen en Taiwan, détiennent officiellement le titre de père de la nation. L’attribution de la notion de père de la nation à une personnalité n’est plus la seule prérogative des faits historiques ou des exigences politiques, mais d’avantage un phénomène populaire. Le peuple en reconnaissance de ses héros, érige ceux-ci en symbole, à l’effet de garder en mémoire les prouesses dont ils sont dépositaires. Dans ce cas de figure, les présidents Ahmadou Ahidjo, Paul Biya et Ruben Um Nyobe ont marqué chacun en ce qui le concerne, la mémoire collective. On comprend pourquoi la notion de père de la nation est écartelée entre ces trois personnalités. Toutefois, par action populaire, la notion de père de la nation n’est pas figée, elle peut être sujette à caution, a fortiori quand elle est l’oeuvre d’une minorité, prête le flanc au militantisme. Dans le contexte camerounais en particulier, elle est transposable à des individus, même n’ayant pas une influence macroscopique. C’est le cas avec le Maire de la commune de Garoua2 qui a hissé sa ville au rang de première ville du Cameroun, en faisant d’elle, la ville la plus propre.
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